Restitution du dĂ©bat â CafĂ©-philo de Chevilly-Larue 22 janvier 2011 ThĂ©o van Rysselberge. La lecture. 1903 Animateurs Guy Pannetier â Danielle Vautrin â Guy Philippon Introduction France Laruelle. ModĂ©rateur AndrĂ© Sergent. ThĂ©o van Rysselberghe. 1903. Introduction Chacun dâentre nous interprĂšte constamment, au point quâon peut dire quâon est en train dâinterprĂ©ter et que câest une maniĂšre ordinaire et fondamentale dâĂȘtre. InterprĂ©ter le rĂ©el, câest la maniĂšre la plus banale de sây rapporter. Je prendrai pour exemple quelque chose de trĂšs courant en regardant le ciel pour essayer de deviner le temps quâil va faire, on interprĂšte lâĂ©tat du ciel. InterprĂ©ter, câest donner une signification Ă un phĂ©nomĂšne rĂ©el ou imaginaire, quel quâil soit, câest un des moments fondamentaux de la comprĂ©hension. Toute communication implique et suppose la facultĂ© de savoir donner un sens aux mots, aux choses, aux signes, aux situations. InterprĂ©ter, câest donc dâabord comprendre et Ă©ventuellement expliquer ce quâil y a dâobscur et/ou dâambigu, dans un Ă©crit, une loi, une action, un comportement. Le danger de lâinterprĂ©tation, câest le risque de perdre le sens original du sujet en lui donnant une autre signification pouvant aboutir Ă des malentendus, voire mĂȘme Ă des catastrophes. En latin, le mot traduit par interprĂšte » dĂ©signe un mĂ©diateur, un intermĂ©diaire, un agent entre deux parties, puis par extension, celui qui explique, le traducteur. Au théùtre, câest tenir un rĂŽle en restituant le mieux possible les intentions de lâauteur et du metteur en scĂšne. En musique, câest jouer une piĂšce musicale en tentant de susciter une Ă©motion en respectant lâĆuvre. Par exemple, Glenn Gould a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme interprĂšte de gĂ©nie en jouant Ă sa façon des morceaux de grands compositeurs. Comme en musique, le commentateur dâune Ćuvre dâart, que ce soit en peinture, en architectureâŠ, sâexprime non seulement en fonction de ses connaissances rĂ©elles, mais aussi en faisant intervenir plus ou moins malgrĂ© lui ses sentiments personnels ; on peut dire quâil interprĂšte lâĆuvre Ă travers ses Ă©motions. On a encore affaire Ă lâinterprĂ©tation lorsquâil sâagit de prĂ©ciser la signification dâun texte. Lorsque celui-ci est considĂ©rĂ© comme sacrĂ©, lâinterprĂ©tation de son sens se nomme exĂ©gĂšse et celui qui conduit lâexplication est lâexĂ©gĂšte. LâinterprĂ©tation est Ă©galement prĂ©sente dans le langage des signes et lâon comprend lâabsolue nĂ©cessitĂ© du geste pur. Le savant se doit dâinterprĂ©ter les phĂ©nomĂšnes quâil observe ou quâil provoque dans le cadre de lâexpĂ©rience scientifique. Le sociologue interprĂšte des donnĂ©es statistiques reflĂ©tant une pratique sociale. Le psychologue interprĂšte des pensĂ©es, des comportements. Le journaliste interprĂšte partiellement lâinformation quand il exprime ses sentiments personnels sur un Ă©vĂšnement ; il quitte lĂ , son rĂŽle dâinformateur pour celui de commentateur. On comprend quâinterprĂ©ter nâest pas une activitĂ© rĂ©servĂ©e aux spĂ©cialistes. Chacun de nous a le devoir de comprendre ce quâil lit, ce quâil entend, ce quâil voit, pour sâexprimer, afin de limiter ou dâĂ©viter les risques dâune mauvaise interprĂ©tation. Donc, on a vu que lâinterprĂ©tation Ă©tait par dĂ©finition plurielle, quâelle entraĂźnait de multiples questions. Pour ma part, quand jâai prĂ©parĂ© ce sujet, je mâen suis posĂ© quelques-unes Quâest-ce qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© ? Pourquoi a-t-on besoin de donner du sens ? Quâest-ce quâune bonne ou une mauvaise interprĂ©tation ? Faut-il se mĂ©fier de la multiplicitĂ© de lâinterprĂ©tation ? Faut-il favoriser la libertĂ© de lâinformation ? Je termine avec cette citation de Jacques Lacan LâinterprĂ©tation nâa pas plus Ă ĂȘtre vraie que fausse, elle a Ă ĂȘtre juste ». DĂ©bat G Pour illustrer le thĂšme de ce dĂ©bat, je voudrais partir de quelques expĂ©riences personnelles. Quand jâĂ©tais dans lâassociation Amnesty International, lors des congrĂšs, nous avions des interprĂštes qui nous restituaient les discours en anglais par la traduction simultanĂ©e. Je comprenais, mais je mettais lâoreillette ; pour moi, il Ă©tait extrĂȘmement important que lâinterprĂšte traduise au plus prĂšs de ce qui avait Ă©tĂ© dit. Ce qui comptait pour moi câĂ©tait sa fidĂ©litĂ© Ă la parole de lâorateur. Un jour, je parlais Ă mon beau-frĂšre, qui est bassoniste professionnel. Il me disait Un bon musicien est celui qui interprĂšte le plus fidĂšlement possible la partition telle quâelle a Ă©tĂ© Ă©crite par le compositeur. Le musicien lui nâinvente rien. Sinon, ce nâest pas un musicien, mais un compositeur. Son interprĂ©tation est au service de la musique. Jâaime Ă©couter Glenn Gould dans les sonates de Haydn, mais Glenn Gould fait du Glenn Gould, pas du Haydn; il nâest pas seulement un musicien, mais un crĂ©ateur. Il personnalise. Par ailleurs, pour ce qui concerne la transmission historique, il me semble que lâinterprĂ©tation de lâhistorien doit se faire au plus prĂšs des faits, des tĂ©moignages, des documents dâarchives et des Ă©tudes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© ; elle doit restituer au mieux la vĂ©ritĂ©. Si lâon reconstruit lâhistoire Ă sa maniĂšre, on nâest plus un historien, mais un politique ou un rĂ©visionniste ». Lâhistorien doit, Ă mon avis, comme lâinterprĂšte ou le musicien, sâeffacer pour laisser toute la place Ă son sujet. Il a quelque chose Ă transmettre, ce qui rend humble au niveau de lâĂ©go. De mĂȘme pour le journaliste. Pour moi, un bon journaliste ne donne pas son avis, mais essaie de retransmettre lâinformation au plus prĂšs de la vĂ©ritĂ©, ce qui demande un travail dâinvestigation et dâenquĂȘte et pas seulement un avis personnel. Il me semble que le thĂšme de ce cafĂ©-philo pose la question de la vĂ©ritĂ©, de la subjectivitĂ© et de lâobjectivitĂ©. On sait que lâobjectivitĂ© totale est impossible et que la composante personnelle de lâindividu entre toujours un peu en ligne de compte dans tout ce quâil fait, mais il me parait important dâessayer dây tendre et dâĂȘtre le moins subjectif possible, sauf dans la crĂ©ativitĂ© et quand on ne parle quâen son nom. A travers ces exemples, vous aurez compris que jâattends de lâinterprĂ©tation quâelle ne fausse pas la vĂ©ritĂ©, mais quâelle la serve et que le but de lâinterprĂšte nâest pas de se mettre en avant, mais de mettre en valeur son sujet avec le moins de parti pris possible. Il est clair que dans la crĂ©ation, on est dans une autre perspective, mais lâon nâest plus dans lâinterprĂ©tation. G Je retiens de lâintroduction Toujours essayer de privilĂ©gier le sens original » ; mais quelquefois, prĂ©tendre dĂ©tenir quel fut le rĂ©el sens original, paraĂźt ĂȘtre une gageure. On a Ă©galement Ă©voquĂ© lâinterprĂ©tation de lâhistoire et de restituer au mieux la vĂ©ritĂ© ». On peut rappeler quâon nâĂ©crit toujours que lâhistoire des vainqueurs et on réécrit sur les premiers documents existants, donc rarement Ă partir de sources variĂ©es pour une re-vision » Notre approche philosophique nous amĂšne Ă un certain recul quant au concept de la vĂ©ritĂ©. BientĂŽt en mars 2011, notre dĂ©bat portera sur le courant des Sceptiques, en se dĂ©fiant toutefois du relativisme ». G Effectivement, cette question Est-ce quâil existe une vĂ©ritĂ© ? » reste primordiale. Si lâon reprend la question initiale InterprĂ©ter, est-ce fausser la vĂ©ritĂ© ? », câest quâon a admis dâemblĂ©e quâil existait une vĂ©ritĂ© ». En fonction de lâangle dâapproche, lâhistoire est diffĂ©rente ; de fait, il y a parfois plusieurs vĂ©ritĂ©s. Paul ValĂ©ry, dans ses vers, privilĂ©gie la forme sur le sens. Ainsi, dans trois vers de La jeune Parque, il nous laisse le choix de notre vĂ©ritĂ© [âŠ] / Cette main, sur mes traits quâelle rĂȘve dâeffleurer, / Distraitement docile Ă quelque fin profonde, / Attend de ma faiblesse une larme qui fonde, / [âŠ] ». Qui a compris que fonde » signifiait que la larme fond, ou quâune larme fonde, soit fondatrice » ? Mes vers, dit-il, ont le sens quâon leur prĂȘte. G Lorsquâon regarde dans un dictionnaire, une des premiĂšres dĂ©finitions dâinterprĂ©ter nous renvoie au rĂȘve, oĂč il nâexiste pas de vĂ©ritĂ©. Dans interprĂ©ter, on est lâintermĂ©diaire entre quelque chose et celui Ă qui on veut transmettre. On peut interprĂ©ter aussi pour soi-mĂȘme. Il y a des domaines, comme la loi, par exemple, oĂč pour le spĂ©cialiste, câest clair, mais pas pour les profanes ; il faut interprĂ©ter, rendre accessible, vulgariser. Dans lâinterprĂ©tation, que mettons-nous de nous-mĂȘmes ? Comment rester le plus neutre possible, coller au plus prĂšs. Plus le sujet au dĂ©part est flou, plus il ouvre la porte Ă de possibles interprĂ©tations toujours ces possibles vĂ©ritĂ©s. Pour un texte Ă©crit, on parle de traducteur, oralement, on parle dâinterprĂšte. Est-ce que lâoral serait moins fiable que lâĂ©crit ? Dâune langue Ă une autre, comment ĂȘtre totalement fidĂšle ? Cela rĂ©clame du traducteur, de lâinterprĂšte, une certaine Ă©thique. G Dans interprĂ©ter », jâentends inter » et prĂȘter » La deuxiĂšme partie du mot nous dit quâon prĂȘte » dans une lecture une intention, une traduction, une couleur, un sens. Donc, il y a des nuances entre lire et interprĂ©ter, interprĂ©ter et voir, interprĂ©ter et comprendre. Ce que je dis moi de la chose nâest pas ce qui est la chose. G Je ne suis pas trop dâaccord avec lâexpression Il y a plusieurs vĂ©ritĂ©s ». Non, il y a gĂ©nĂ©ralement une vĂ©ritĂ© et plusieurs interprĂ©tations ; la vĂ©ritĂ© existe, mais on ne peut lâapprocher quâĂ travers des interprĂ©tations. Lâimportant, câest de savoir comment on va lâapprĂ©hender, la percevoir, la comprendre. On ne peut pas confondre les versions de la vĂ©ritĂ© et la vĂ©ritĂ©. Quand câest un Ă©metteur qui transmet, ce quâil a vu Ă travers son prisme dĂ©formant, ça nâa rien Ă voir avec lâĂ©vĂšnement lui-mĂȘme. On doit tenir compte de tous les tĂ©moignages pour quâon arrive Ă approcher un peu la vĂ©ritĂ©. G On a dit que lâinterprĂšte, le musicien, devaient sâeffacer devant lâĆuvre, ĂȘtre au plus prĂšs. Câest une erreur. Si câĂ©tait ça, on nâaurait jamais eu MoliĂšre, La Fontaine, La BruyĂšre, parce quâils ont adaptĂ©, fait du nouveau, fait quelque chose de fantastique. Dans une soirĂ©e oĂč il y a avait un orchestre tzigane et un orchestre yiddish, Ă la fin, chacun a jouĂ© un morceau avec lâautre, cela a Ă©tĂ© gĂ©nial ! On peut faire quelque chose de plus grand. Câest de lâadaptation. Quand on adapte une piĂšce du théùtre anglais, on nâest pas au plus prĂšs. La fidĂ©litĂ© totale au modĂšle original nâest pas obligatoire. G InterprĂ©ter peut donner une nouvelle vĂ©ritĂ© Ă une Ćuvre, une vĂ©ritĂ© que lâauteur nâavait pas vue, une autre dimension. G InterprĂ©ter en donnant une nouvelle dimension nâest pas un mensonge en soi. Câest quelque chose qui est autorisĂ© dans les arts, on parle de licence poĂ©tique ou littĂ©raire. Lâart ce beau mensonge permet de crĂ©er dâautres vĂ©ritĂ©s. G Jâai vu il y a quelques annĂ©es Le cercle de craie caucasien » de Bertolt Brecht. Depuis, jâai achetĂ© lâĆuvre, le livre officiel, et je nâai pas retrouvĂ© la poĂ©sie qui mâavait alors enthousiasmĂ©e. Alors, câest vrai quâinterprĂ©ter nâest pas traduire et que lire est diffĂ©rent dâentendre jouer. G Il y a toujours des vĂ©ritĂ©s provisoires, elles ne sont pas forcĂ©ment pour neuf milliards dâĂȘtres humains, mais assez suffisantes pour un moment de vĂ©ritĂ© de quelques-uns. G Outre lâinterprĂ©tation des rĂȘves, des propos, dâun texte, nous interprĂ©tons aussi un discours, une image, un regard, un geste. On interprĂšte mĂȘme le silence ! Nous savons quâinterprĂ©tation nâest pas explication ; celle-ci Ă©voque la cause, alors quâinterprĂ©ter serait donner le sens. Le sens ne peut ĂȘtre lâexplication de la cause. Pour quâune interprĂ©tation soit garantie comme fidĂšle Ă cent pour cent, il faudrait rĂ©unir bien des Ă©lĂ©ments. Dâabord, mettre tous le mĂȘme sens sous les mĂȘmes mots, cela nâexiste pas. Que nous soyons totalement dĂ©tachĂ©s de nos opinions et croyances, qui sont le fond de notre individualitĂ©, cela ne paraĂźt pas possible non plus. Il faudrait Ă©galement que celui qui est le rĂ©cepteur de lâinterprĂ©tation ait la mĂȘme grille de lecture que lâĂ©metteur, quâil soit inaccessible Ă toute subjectivitĂ©. A partir de lĂ , mĂȘme avec la meilleure volontĂ©, comment interprĂ©ter sans que quelquâun pense que la vĂ©ritĂ© est faussĂ©e ? Une interprĂ©tation peut ĂȘtre volontairement arrangĂ©e, adaptĂ©e, reformulĂ©e, orientĂ©e, pour des buts de prise de pouvoir, de propagande, dâembrigadement, de prosĂ©lytisme. Cela peut correspondre Ă un engagement personnel de lâĂ©metteur. Et lĂ , parfois, la personne sait, connaĂźt lâexplication plus que le sens et adapte son propos Ă la finalitĂ©. Câest ce quâon appelle lâargument couchĂ© sur le lit de Procuste* », autrement dit, une argumentation que lâon fait rentrer de force dans le moule de ce que lâon croit dur comme fer. Câest alors argumenter plus quâinterprĂ©ter, câest mouliner, raboter, orienter un propos. LâidĂ©aliste interprĂšte parfois en allant au delĂ du simple rĂ©el, lâidĂ©ologue limite et enferme son interprĂ©tation dans son idĂ©ologie, dans son dogme, dans sa » vĂ©ritĂ© Donnez-moi seulement vos dogmes, je me charge des preuves ! », a dit Chrysippe Ă ClĂ©anthe. LâidĂ©aliste et lâidĂ©ologue, lâun comme lâautre, sâils agissent en toute sincĂ©ritĂ©, ne peuvent ĂȘtre taxĂ©s de fausser volontairement la vĂ©ritĂ©. Pour que la vĂ©ritĂ© soit faussĂ©e, il faut quâil y ait intentionnalitĂ©. Nos propos nous rĂ©vĂšlent et, malgrĂ© nous, notre inconscient participe Ă la construction des idĂ©es. Quand je vous parle, je ne suis pas neutre, mĂȘme si je ne nâai nullement lâintention de tromper, de subjuguer, dâinfluencer. Toujours, mes orientations, mes goĂ»ts, croyance ou non croyance, tout mon acquis, sont lĂ , prĂ©sent dans mon propos. Souvent, comme le dit AndrĂ© Gide dans Les faux-monnayeurs [âŠ] nous tentons dâimposer au monde extĂ©rieur notre interprĂ©tation particuliĂšre [âŠ] ». Mais, dâautre part, le langage totalement vidĂ© de tout sentiment personnel, de toute opinion est un langage neutre, aseptisĂ©. Câest tout juste bon pour les catalogues, les modes dâemploi, pour une documentation technique. * Mythologie grecque Procuste nâavait quâun lit pour ses hĂŽtes. Si ces derniers Ă©taient trop grands, il coupait un peu » les pieds, les jambes ; dans lâautre cas, il Ă©tirait. G Je ne pense pas quâon puisse comparer une vĂ©ritĂ© scientifique Ă une vĂ©ritĂ© historique ou toute autre vĂ©ritĂ©. Est-ce quâil y aurait une vĂ©ritĂ© prĂ©existant Ă lâĂȘtre humain ? Pour Saint Augustin, au moyen-Ăąge, câĂ©tait Dieu. On a dit quâon peut amener dâautres Ă©lĂ©ments Ă son analyse et aboutir Ă une vĂ©ritĂ©. Est-ce que la vĂ©ritĂ© nâapparaĂźt pas Ă travers le discours de lâhomme qui la fonde ? Je pense au mythe de la caverne. Lâhomme dans la caverne nâa accĂšs quâĂ trĂšs peu de stimulations, trĂšs peu dâĂ©lĂ©ments, et pourtant, il a sa vĂ©ritĂ© ». A mesure quâil ira vers la lumiĂšre, il va se rapprocher dâune vĂ©ritĂ© intelligible, non pas Dieu comme au moyen-Ăąge, mais le cosmos. Les vĂ©ritĂ©s sont multiples, et, si lâon pouvait les regrouper, on dirait la vĂ©ritĂ© ». La vĂ©ritĂ©, câest ce qui nous apparaĂźt et cela change au fur et Ă mesure que nous grandissons ; elle est aussi le fruit de nos expĂ©riences. Parler de la vĂ©ritĂ© », nâest-ce pas une simplification ? G Est-ce que du moment oĂč il y a lâhomme qui apporte sa vĂ©ritĂ©, son interprĂ©tation, il y a Ă©ventuelle dĂ©formation. Chacun perçoit en fonction de sa vie, son histoire. Lorsque je lis un livre, ce que je dĂ©couvre, ce que jâimagine nâest pas ce quâun autre va voir. G Entre lâĂ©metteur et le rĂ©cepteur, deux interprĂ©tations Comment lâentendez-vous ? » G Je nâai pas pu relier directement lâinterprĂ©tation Ă la vĂ©ritĂ©. On ne dĂ©tient pas de vĂ©ritĂ© absolue, câest ensemble quâon peut tenter de crĂ©er une vĂ©ritĂ©, dans nos rapports sociaux, dans notre culture. G On peut opter pour la libertĂ© dâinterprĂ©tation, câest ce qui semble le mieux correspondre Ă des Ćuvres culturelles. Cela suppose que lâinterprĂšte ait du talent pour voir lâĆuvre sous un nouveau jour. Donc, mĂȘme le critique doit prendre ses distances vis-Ă -vis des Ă©ditions antĂ©rieures, des interprĂ©tations antĂ©rieures, et celle qui vient dâĂȘtre interprĂ©tĂ©e Dâautre part, interprĂ©ter, pour moi, câest donner du sens et Nietzsche a utilisĂ© plein dâaphorismes obscurs pour obliger Ă chercher du sens, pour nous contraindre Ă rĂ©flĂ©chir, pour chercher notre vĂ©ritĂ©. Câest Ă nous humains, dotĂ©s dâun cerveau, dâune intelligence, de donner du sens, dâinterprĂ©ter. G Je suis convaincue que pas un homme ne dĂ©tient la vĂ©ritĂ©, qui nâappartient Ă personne, et quâelle est bien au-delĂ dâune interprĂ©tation singuliĂšre. Câest pourquoi il faut confronter beaucoup de points de vue pour approcher un petit peu la vĂ©ritĂ©. Câest un travail collectif. Il a Ă©tĂ© dit que lâinterprĂ©tation peut se faire au-delĂ du rĂ©el. Mais quâest-ce que la rĂ©alitĂ© ? Si câest quelque chose de concret, câest un petit aspect de la rĂ©alitĂ© rĂ©duit au monde phĂ©nomĂ©nologique. Mais ce qui est beaucoup plus difficile Ă interprĂ©ter, câest ce qui ne relĂšve pas du concret, du matĂ©riel, mais dâune autre rĂ©alitĂ©, psychoaffective, intellectuelle ou spirituelle, par exemple. Dans un prĂ©cĂ©dent cafĂ©-philo, on a effleurĂ© la dimension mĂ©taphysique, ce qui dĂ©passe lâinterprĂ©tation singuliĂšre. G Une annĂ©e, il y a eu quatre versions de Cyrano de Bergerac par quatre compagnies diffĂ©rentes. Jâai vu quatre piĂšces diffĂ©rentes Ă partir dâun mĂȘme texte. Si une soprano fait une bonne interprĂ©tation, alors, il faut quâelle soit la derniĂšre. Une seule et câest fini ! G Mais ces quatre interprĂ©tations de Cyrano Ă©taient quatre versions Ă partir dâun seul Cyrano original, celui dâEdmond Rostand, qui en est lâauteur, le crĂ©ateur. Le reste nâest quâinterprĂ©tations, qui peuvent plus ou moins servir la piĂšce authentique, lui ĂȘtre plus ou moins fidĂšle. G Il y a des arts qui sont prĂ©cis, qui ne laissent que peu de place Ă une interprĂ©tation personnelle, et dâautres trĂšs libres comme le jazz. En classique, lâĆuvre est Ă©crite de A Ă Z, mais câest trĂšs difficile dâarriver Ă exprimer ce quâa voulu faire le compositeur quand il a Ă©crit lâĆuvre. Donc les diffĂ©rentes interprĂ©tations en classique peuvent ĂȘtre volontĂ© dâapprĂ©hender la vĂ©ritĂ© de lâinstant du crĂ©ateur et de tendre vers la version originale. Et, il a aussi des interprĂštes, qui, comme disait Arthur Rubinstein, considĂšrent que lâĆuvre nâest lĂ que pour les aider Ă prouver leur virtuositĂ© » et qui personnalisent. G LâĆuvre nâexiste que par lâinterprĂšte, les interprĂštes sont des co-auteurs, sans eux elle reste dans lâanonymat. Ce nâest donc pas fausser les vĂ©ritĂ©s, mais les rendre vraies ». En outre, plutĂŽt quâinterprĂ©ter Ă sa façon, il y a parfois une valeur pĂ©dagogique pour faire connaĂźtre, participer Ă la diffusion, ĂȘtre une sorte de passeur, dans la façon dont nous interprĂ©tons et nous transmettons. G Revenant Ă la question initiale, Ă lâĂ©noncĂ©, je ne vois pas pourquoi le fait dâinterprĂ©ter, de faire une interprĂ©tation, a une connotation pĂ©jorative. Pour moi câest seulement donner du sens. G La maniĂšre dont le monde extĂ©rieur sâimpose Ă nous, et dont nous tentons dâimposer au monde extĂ©rieur notre interprĂ©tation particuliĂšre, est le drame de notre vie ». AndrĂ© Gide, Les faux monnayeurs, dĂ©jĂ citĂ©. A chaque interprĂ©tation que nous faisons, nous sommes en Ă©quilibre instable. De la mĂȘme maniĂšre que, quand nous sommes lecteurs, nous sommes des Ă©crivains nous-mĂȘmes ; quand nous Ă©tudions un livre en commun, aucun de nous nâa la mĂȘme lecture et nous entendons avec plaisir ce que les autres ont dĂ©couvert; câest lĂ lâintĂ©rĂȘt du passage de la pratique solitaire Ă la pratique solidaire. G Quand on fait de la traduction pour les sourds par le langage des signes et quâon est confrontĂ© Ă des mots en dehors du vocabulaire courant des malentendants, il faut trouver, voire inventer le langage gestuel qui ne trahit pas la vĂ©ritĂ©. Le visage ne doit rien montrer pour ne pas trahir le geste. LâinterprĂšte est un intermĂ©diaire entre deux mondes. Le vocabulaire de lâentendant est plus Ă©laborĂ© ; la simultanĂ©itĂ© est difficile. G Le poĂšme de Florence InterprĂ©ter, est-ce fausser la vĂ©ritĂ© ? Pantoum Bonjour je suis la vĂ©ritĂ© En fait, je cherche un interprĂšte Je suis nue, mon identitĂ© Ce sont les habits quâon me prĂȘte En fait, je cherche un interprĂšte Car ma langue est lâambiguĂŻtĂ© Ce sont les habits quâon me prĂȘte Qui me donnent ma densitĂ© Car ma langue est lâambiguĂŻtĂ© Et me chercher est une quĂȘte Qui me donne ma densitĂ© Lâhistoire est une pirouette Et me chercher est une quĂȘte Parfois je suis mal fagotĂ©e Lâhistoire est une pirouette Qui se doit dâĂȘtre interprĂ©tĂ©e Parfois je suis mal fagotĂ©e Si je suis une devinette Qui se doit dâĂȘtre interprĂ©tĂ©e Je cherche une voix qui me complĂšte Si je suis une devinette Question de sensibilitĂ© Je cherche une voix qui me complĂšte Quitter la clandestinitĂ© Question de sensibilitĂ© Jâai pris le vent comme il sâentĂȘte Quitter la clandestinitĂ© Dans le bouchon de ma trompette Jâai pris le vent comme il sâentĂȘte Mais jâai manquĂ© de libertĂ© Dans le bouchon de ma trompette Bonjour je suis la vĂ©ritĂ© G On a dit que Nietzsche, avec ses aphorismes, dĂ©molissait des concepts. Ce nâest pas chez lui interprĂ©ter, mais nous renvoyer Ă notre responsabilitĂ© de rĂ©cepteur. Il nous oblige Ă apprendre cet exercice de rechercher tous les sens, les acceptions dâun mot. Par ailleurs, on peut penser quâil y a des gens qui sont responsables des manipulations dont ils sont les victimes, ce sont des naĂŻfs. Ils ne font pas beaucoup dâefforts, ils prennent les idĂ©es toutes faites. G Je pense que si Bellini, lâauteur de la Norma » entendait Maria Callas interprĂ©ter avec une telle profondeur, une telle virtuositĂ© son opĂ©ra, il dirait La vĂ©ritĂ© de mon Ćuvre, câest ça ! ». Il lui aurait alors fallu attendre presque deux siĂšcles pour trouver, pour entendre, cette vĂ©ritĂ© ! G Discourir, câest assujettir », avançait Roland Barthes. AprĂšs tout ce que jâai pu entendre sur la philosophie, la politique, la religion, mĂȘme si je ne peux pas affirmer que je nâai jamais Ă©tĂ© influencĂ©, je ne me sens pas assujetti. Sauf Ă considĂ©rer les autres comme des niais, on est assujetti que si on le veut bien ; on est victime dâinterprĂ©tation parfois par simple paresse intellectuelle; on se ment plus quâon est victime du mensonge. G Il y a quelque chose de difficile par rapport Ă lâinterprĂ©tation, câest le langage ; si dâentrĂ©e de jeu nous choisissons des mots qui ont plusieurs significations, il ne faut pas sâĂ©tonner du tout que les uns et les autres ne rĂ©agissent pas de la mĂȘme façon. Si on veut rĂ©unir les gens, par exemple pour interprĂ©ter les phĂ©nomĂšnes sociaux avec des mots imprĂ©cis, de ses amis on peut se faire des adversaires, et quelquefois la confusion des mots fait de curieux effets. On a dit Ă un moment du dĂ©bat, un bon journaliste ne donne pas son avis » ça, jâen doute quand mĂȘme ; si câest un homme, câest quâil est socialement chĂątrĂ© ! Il ne peut pas dire ce quâil est. Ce que dit un journaliste sur un fait lui est personnel. Une personne qui sâexprime Ă la tĂ©lĂ©vision, par exemple, elle sâexpose, elle interprĂšte avec ses mots, sa physionomie, avec le corps. G Si un journaliste ne devait sâen tenir quâaux faits et Ă la stricte vĂ©ritĂ©, nous nâaurions besoin que dâun seul et mĂȘme journal et pas besoin dâĂ©ditorialistes pour dĂ©finir la ligne rĂ©dactionnelle. Entre lâAFP et vous, il y a forcĂ©ment interprĂ©tation. G Il faut du doute pour choisir et interprĂ©ter, plus un peu de doute ensuite sur son jugement. G LâinterprĂ©tation commence Ă prendre du sens lĂ ou une signification ne sâimpose pas dâelle-mĂȘme. Dans son essai De lâinterprĂ©tation », Paul RicĆur dit Dire quelque chose de quelque chose, câest, au sens complet et fort du mot, lâinterprĂ©ter ». DâaprĂšs lui, il y aurait interprĂ©tation lĂ oĂč il y a un sens multiple ; câest dans lâinterprĂ©tation que la pluralitĂ© de sens sâest rendue manifeste. Par contre, dans la psychanalyse, on nâest pas en reste, puisquâelle aussi, propose une certaine mĂ©thode dâinterprĂ©tation qui porte sur les comportements, les rĂȘves. G TĂ©moignage En traduisant du théùtre de Garcia-Lorca La Zapateria prodigiosa, jâai Ă©tĂ© confrontĂ© Ă la traduction non faite jusque lĂ de chansons en vers. Il fallait retrouver le sens et les assonances sans trahir le texte. Le ressenti est aussi utile que tous les dictionnaires dans ce cas. En ce qui concerne la tĂ©lĂ©vision, lâimage dĂ©jĂ , avant le commentaire, donne une interprĂ©tation. Elle sâadresse aux sens, aux Ă©motions, elle prend le pas souvent sur le propos. G Il y a des sujets oĂč lâon pose des questions, alors quâon sait quâil nây pas de rĂ©ponse ou dâinterprĂ©tation satisfaisante pour tous. Les anglais Ă ce sujet disent Ask me no questions, Iâll tell you no lies » Ne me posez pas de questions et je ne vous dirai pas de mensonges. G On est rentrĂ© dans un dĂ©bat trĂšs difficile, mĂȘme si on a un peu dâexpĂ©rience de la philosophie; on se rappelle ce propos, cette boutade Il y a ma vĂ©ritĂ©, ta vĂ©ritĂ©, et la vĂ©ritĂ© ! » G La vĂ©ritĂ© est entre nous ou ailleurs, au-delĂ de nos propos ! On se rend bien compte, ici au cafĂ©-philo, de la multiplicitĂ© des interprĂ©tations pour que chacun approche un peu la vĂ©ritĂ©. Et chacun repart avec ses questions, enrichi des questions des autres pour continuer notre rĂ©flexion. La vĂ©ritĂ© est une quĂȘte vers laquelle nous ne pouvons que tendre! G Un peuple qui ne sait plus interprĂ©ter ses propres signes, ses propres mythes, ses propres symboles, devient Ă©tranger Ă lui-mĂȘme, perd foi en son destin.», dit Jean-Marie Adiaffi, cinĂ©aste et poĂšte ivoirien, dans La carte dâindentitĂ©.
Neserait-ce pas au contraire ne jamais douter qui est un renoncement Ă la vĂ©ritĂ© ? En effet,, si je ne doute jamais e rien c'est que je crois tout savoir. Mais comme je ne suis pas Dieu, il y a de grandes chances que je me trompe. Donc ne jamais douter c'est ne pas savoir que je ne sais pas, c'est donc de la bĂȘtise, de l'ignorance. Ainsi
Douter, est-ce renoncer Ă la vĂ©ritĂ© ? En considĂ©rant le doute comme un Ă©tat de lâesprit correspondant Ă la suspension dâun jugement et la vĂ©ritĂ© comme lâaboutissement de la connaissance fondĂ©e sur des critĂšres dâobjectivitĂ© et dâabsolu, pouvons-nous rĂ©ellement affirmer que douter nâest autre que renoncer Ă la vĂ©ritĂ© ? Car il semblerait que le doute, remettant en cause les fondements mĂȘmes de toute connaissance, anĂ©antisse lâaccĂšs Ă la vĂ©ritĂ© puisquâaucune dĂ©finition universelle nâest reconnue pour vraie, et quâaucun jugement nâest permis. Mais affirmer cela nâest ce pas donner au doute une forme trop catĂ©gorique ? Nây a-t-il pas une nuance Ă Ă©tablir en fonction quâil sâagisse dâun doute sceptique dans lequel le jugement est suspendu de façon dĂ©finitive ou dâun doute mĂ©thodique qui lui est lĂ pour tenter dâĂ©tablir une vĂ©ritĂ© en excluant toute connaissance douteuse, voire fiable afin de tendre vers la connaissance absolue ? De nouveau, la question de la vĂ©ritĂ© se pose, car nâest il pas dĂ©raisonnĂ© de ne douter quâune fois et dâen conclure une vĂ©ritĂ© indubitable alors que la connaissance est fondĂ©e dâabstractions ? Comment avoir la certitude que tous les jugements incertains ont bien Ă©tĂ© pris en compte et exclus si lâhomme ne remet pas en cause Ă chaque instant cette vĂ©ritĂ© en doutant ? Le doute serait-il alors le moyen le plus probant de se rapprocher de la vĂ©ritĂ© la plus pure ? Nous verrons donc dans une premiĂšre partie, le doute sâapparentant au scepticisme qui, lui, tient pour subjective toute approche de la rĂ©alitĂ© et ainsi incertaine la connaissance que lâon peut en avoir. Douter câest alors manifestement renoncer Ă la vĂ©ritĂ© car câest une finalitĂ©. Dans une seconde partie nous aborderons la vision cartĂ©sienne selon laquelle le doute est un moyen de recherche de la vĂ©ritĂ©, la suspension du jugement nâest la que pour tenter dâatteindre des connaissances vraies. Puis dans une derniĂšre partie, nous prendrons appui sur la thĂ©orie dogmatique afin de mettre en Ă©vidence que toute vĂ©ritĂ© repose sur un travail constant de recherche et de remise en question dont la principale condition est le doute. En apprĂ©hendant la vĂ©ritĂ© comme une connaissance universelle et absolue de la rĂ©alitĂ© qui nous entoure, et en assimilant le doute a un Ă©tat de lâesprit oĂč le sujet ne peut choisir et suspend son jugement de façon dĂ©finitive, force est de constater que le doute et la vĂ©ritĂ© sont incompatible de par leur source mĂȘme. Douter peut se dĂ©finir comme une incapacitĂ© dâaccĂšs Ă la vĂ©ritĂ©. Lorsque lâon doute, on remet en cause les idĂ©es préétablies sans pouvoir apporter une conclusion autre. Si le doute sâinstalle chez lâhomme, on peut Ă priori le considĂ©rer comme un renoncement Ă la connaissance vraie car le sujet se trouve dans lâimpossibilitĂ© de fonder son jugement sur les critĂšres absolus et universels quâil remet justement en cause. Le doute revĂȘt ici une acception bien particuliĂšre relevant du scepticisme. Ce courant de pensĂ©e rĂ©fute la possibilitĂ© pour lâhomme de parvenir Ă une quelconque certitude en ce qui concerne la rĂ©alitĂ© qui lâentoure. Les premiers sceptiques, Pyrrhon et Sextus Empiricus prĂŽnaient la thĂ©orie selon laquelle, ni par les sens, ni par la raison, nous ne pouvons avoir accĂšs Ă la vĂ©ritĂ©. Tout dâabord car les sens sont trompeurs puisquâils portent sur lâaccidentel et le particulier, et parce que la raison est capable de dĂ©montrer des propositions contraires Ă tout argument sâoppose un argument Ă©gal » dit alors S. Empiricus dans Hypotyposes pyrrhoniennes. Il est Ă©galement important de nuancer cette thĂšse par lâapproche plus modĂ©rĂ©e de Hume. Il part Ă©galement du principe selon lequel le rapport Ă la rĂ©alitĂ© est subjectif car elle est perçue au moyen des sens. Le texte de Hume dans enquĂȘte sur lâentendement humain met cette perspective en Ă©vidence les sens sont seulement des guichets Ă travers lesquels ces images sont introduites, sans quâils soient capables de produire un rapport immĂ©diat entre lâesprit et lâobjet. » Notre connaissance du rĂ©el est donc bornĂ©e car on nâa aucun moyen de savoir si le monde est tel que nos impressions nous le restituent. Lâhomme a un point de vue qui est relatif, en aucun cas il ne saurait ĂȘtre neutre, et câest pourquoi nous nâavons accĂšs quâĂ la rĂ©alitĂ© pour nous et non Ă la rĂ©alitĂ© en soi qui correspondrait Ă une connaissance absolue du monde. Et puisque rien ne peut soustraire lâhomme Ă sa subjectivitĂ© et quâil fonde sur la rĂ©alitĂ© externe et lâexpĂ©rience ses critĂšres de connaissance, il est condamnĂ© Ă cet aspect tronquĂ© de la rĂ©alitĂ©. Ainsi son rapport Ă la rĂ©alitĂ© ne dĂ©passe pas la croyance, il ne la connait pas vĂ©ritablement. Le scepticisme est avant tout motivĂ© par la recherche de savoir mais rapidement paralysĂ© par lâimpossibilitĂ© de conclure et dâarriver Ă des certitudes. Il ne saurait rĂ©sister Ă ce scepticisme que les mathĂ©matiques, outil de connaissance des vĂ©ritĂ©s formelles qui est indubitable car lâhomme les a de toute piĂšce créées grĂące Ă la raison. On doit analyser le doute sceptique comme une tentative de connaissance aboutissant Ă un renoncement lorsquâil sâagit de la rĂ©alitĂ©. Câest lâĂ©chec face Ă cette connaissance qui mĂšne finalement au doute. Le renoncement Ă la vĂ©ritĂ© qui rĂ©sulte de la suspension constante et dĂ©finitive du jugement nâest pas la finalitĂ© prĂ©fĂ©rable Ă une quĂȘte philosophique. Il semble donc nĂ©cessaire dâaborder une autre forme de doute. Douter de tout nâest pas nĂ©cessairement un renoncement Ă la vĂ©ritĂ©, ça peut ĂȘtre au contraire une mĂ©thode consciencieuse permettant de conclure Ă une vĂ©ritĂ© indubitable. Il sâagit ici de considĂ©rer le doute comme un moyen de connaissance vraie et non comme une fin en soi comme pour les sceptiques. Câest Ă©galement considĂ©rer la vĂ©ritĂ© comme ce qui demeure absolu et irrĂ©futable face Ă toute forme de doute. Ce doute cartĂ©sien, mis en Ćuvre dans Discours de la mĂ©thode est donc hyperbolique puisque Descartes va jusquâĂ rejeter comme fausse les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Il sâagit de douter de tous les principes de la connaissance, et en particulier les sciences universelles car il faut se dĂ©barrasser de toutes ces anciennes opinions quâelles soient vraies ou fausses. Il opĂšre un doute systĂ©matique et mĂ©thodologique, dont le premier objet est les sens. Ceux la reprĂ©sentant inĂ©luctablement le moyen de connaissance le plus incertain. ConsidĂ©rĂ©s alors comme douteux, ils passent du cĂŽtĂ© du faux. Descartes sâattĂšle ensuite Ă faire tomber ce qui semble ĂȘtre la connaissance la plus fiable, les dĂ©monstrations mathĂ©matiques en partant du principe que des erreurs sont possibles dans les raisonnements mathĂ©matiques. TroisiĂšmement, il sâagit de mettre en Ă©vidence le fait que les pensĂ©es du rĂȘve semblent aussi vraies que celles que jâai en vrai. Cela pourrait laisser penser que la rĂ©alitĂ© est elle aussi une illusion. Ces objections reprisent des sceptiques et poussĂ©es Ă lâextrĂȘme semblent dâabord soutenir la thĂšse des sceptique selon laquelle il nây pas de vĂ©ritĂ© dont on soit certain, puis lâhypothĂšse prend une toute autre forme je pense donc je suis ». Ainsi le fait mĂȘme de douter et de penser constitue lâargument indubitable attestant que le fondement de nos connaissances est la pensĂ©e et particuliĂšrement que toute argumentation passe par la conscience dâĂȘtre. Tout tient Ă une expĂ©rience de conscience et de pensĂ©e car derriĂšre la remise en doute la plus radicale, demeure un sujet pour effectuer lâopĂ©ration psychique. Ce doute mĂ©thodologique appuie ici une vĂ©ritĂ© indubitable lâhomme est certain dâexister comme un ĂȘtre conscient. Voila tout lâenjeu de ce doute qui est provisoire et non dĂ©finitif Ă lâinverse des sceptiques. Ce doute met en jeu la rĂ©flexion nĂ©cessaire Ă toute quĂȘte de vĂ©ritĂ© et permet le rejet des opinions et connaissances incertaines. Le fondement de ma connaissance transcende ainsi les croyances que le doute sceptique met en avant sans pour autant les pallier. En effet alors que les croyances admettent pour vrai une affirmation sans preuve ni raison, le doute mĂ©thodologique rejette tout ce qui est incertain pour tendre Ă une plus grande vĂ©ritĂ©. Câest donc une opĂ©ration de la pensĂ©e nĂ©cessaire pour avoir un jugement fondĂ©. Mais encore une fois, ce doute qui aboutit Ă des connaissances au plus prĂšs de la vĂ©ritĂ©, nâest valable que le temps de lâopĂ©ration psychique et la vĂ©ritĂ© qui en ressort considĂ©rĂ©e comme acquise. Or, le doute doit ĂȘtre perpĂ©tuellement renouvelĂ©, car plus on doute, plus on se rapproche de la vĂ©ritĂ©. Ayant maintenant dĂ©montrĂ© que le doute est indispensable Ă une pensĂ©e structurĂ©e et fondĂ©e sur des connaissances vraies, il sâagit de prolonger ces analyses en affirmant que douter câest se rapprocher au plus prĂšs de lâuniversel et de lâabsolu. Le doute ne doit pas ĂȘtre abandonnĂ© sitĂŽt que lâon a trouvĂ© ce que lâon cherchait, il doit ĂȘtre sans cesse dans chacune de nos rĂ©flexions, il doit ĂȘtre nourri pour dĂ©velopper notre esprit critique. Agir ainsi, câest considĂ©rer la vĂ©ritĂ© comme complexe. Sa quĂȘte ne peut ĂȘtre menĂ©e quâen confrontant les opinions entre elles, afin de faire Ă©voluer notre pensĂ©e et pouvoir ainsi considĂ©rer les choses sous des perspectives nouvelles, tendre Ă une objectivitĂ©. Il est intĂ©ressant ici dâexposer la thĂ©orie dogmatique en totale opposition avec le doute sceptique Ă©voquĂ© plus haut. Ce courant de pensĂ©e est animĂ© par la conviction inĂ©branlable de possĂ©der la vĂ©ritĂ©, et de cela dĂ©coule le rejet de ceux qui pensent diffĂ©remment. On parle par exemple du dogme de la TrinitĂ© » chez les chrĂ©tiens. Les adeptes croient et acceptent sans discuter la doctrine quâil propose. Cette conviction est Ă©videmment bien loin de la considĂ©ration du doute comme outil nĂ©cessaire Ă la connaissance que nous Ă©voquions prĂ©cĂ©demment. Or, comme Platon lâexplique dans La caverne de par la mĂ©taphore des prisonniers qui vivent dans une illusion complĂšte Ă cause du soleil et des ombres, connaitre câest sâarracher Ă nos croyances, nos opinions subjectives. Pour atteindre le vrai, on doit user de la raison car câest la seule Ă nous faire accĂ©der Ă des connaissances universelles et absolues. LâintĂ©rĂȘt de lâapproche dogmatique Ă ce stade du dĂ©veloppement nâest pas seulement dans lâopposition des thĂ©ories marquant lâintĂ©rĂȘt du doute ; cette approche nous permet de comprendre que le doute ne doit pas ĂȘtre une finalitĂ© Ă la maniĂšre des sceptiques ni un moyen que lâon abandonne dĂšs lors que lâon a trouvĂ© la vĂ©ritĂ© comme Descartes lâaffirme Le doute doit ĂȘtre un travail constant de lâesprit dans sa quĂȘte du savoir. Si la pensĂ©e se fige sur une connaissance quâelle considĂšre vraie indĂ©finiment, câest alors Ă ce moment lĂ que lâon dĂ©rive sur le dogmatisme. Le doute mĂ©thodique peut, sâil nâest pas renouvelĂ©, dĂ©boucher finalement sur une forme de dogme que lâon sâimpose Ă soi-mĂȘme, prĂŽnant pour vrais des arguments qui ne sont plus jamais remis en cause. Une pensĂ©e figĂ©e est une pensĂ©e qui part de connaissances vraies mais qui perd sa nuance au fil du temps, finissant par stigmatiser la rĂ©alitĂ©. Le doute acquiĂšre ici une valeur trĂšs particuliĂšre, il est la consĂ©quence de la thĂ©orie selon laquelle la vĂ©ritĂ© indubitable ne peut ĂȘtre connue avec exactitude. Douter, est une action dĂ©terminante dans le cheminement menant Ă la connaissance, car finalement plus on remet en cause ce que lâon pourrait appeler des arguments prĂ©supposĂ©s, plus on se rapproche de la vĂ©ritĂ© la plus pure. Douter inlassablement câest tendre au plus prĂšs Ă la connaissance vraie car câest un processus de dĂ©finition constant de la rĂ©alitĂ© ; on part dâarguments tous divergents et particuliers, puis le doute exclue peu Ă peu ceux qui sont incertains et mĂȘme fiables pour rechercher lâabsolu. Toutes les connaissances doivent ĂȘtre le fruit de cette remise en question permanente. Ainsi, douter câest renoncer Ă lâidĂ©e que lâon peut atteindre une fois pour toutes une vĂ©ritĂ© indubitable, mais câest Ă la fois lâopĂ©ration de lâesprit qui rend lâhomme le plus Ă mĂȘme de sâen rapprocher. Il faut considĂ©rer le doute moins comme une finalitĂ©, comme le font les sceptiques, que comme le seul processus, la seule opĂ©ration de lâesprit permettant la recherche mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Assimiler le doute Ă un acte de suspension dĂ©finitive du jugement câest renoncer Ă toute philosophie et toute vĂ©ritĂ©. Il est donc nĂ©cessaire dâaccorder au doute cette capacitĂ© de rejet des opinions et des connaissances incertaines qui permet par la suite de dĂ©velopper un esprit dâexamen du monde qui nous entoure ; il ne faut nĂ©anmoins pas considĂ©rer la pensĂ©e qui en rĂ©sulte comme absolue car la vĂ©ritĂ© est complexe et sa remise en cause constante et mĂ©thodique est la façon la plus probante de tendre Ă une vĂ©ritĂ© pure. Cette vĂ©ritĂ© est insaisissable et la considĂ©ration inĂ©branlable de la possĂ©der Ă la façon des dogmatique nâa dâautre effet que de sâen Ă©loigner tout autant. Le doute est ainsi la condition de la vĂ©ritĂ©. Delâautre, la VĂ©ritĂ© semble Ă©ternelle et incontestable. Il y aurait donc un hiatus entre le domaine de la vĂ©ritĂ© et celui du doute. Dâun point de vue statique, câest vrai, et il faudra voir ce qui oppose ces Ă© domaines dans les 2 premiĂšres parties. Mais dâun point de vue dynamique, le doute est un cheminement vers la VĂ©ritĂ© Le doute pose un problĂšme complĂ©mentaire Soit câest un doute permanent dans ce cas on ne peut pas Ă©voluer puisque lâon reste prisonnier de ses hĂ©sitations. Le doute doit supposer quâil va ĂȘtre dĂ©passĂ© en effet puisquâ suppose une prise de conscience, il suppose aussi la volontĂ© de Ă©lue qui doute de dĂ©passer ce stade pour sâengager dans la voie de la connaissance. Par consĂ©quent, le d Ă lâhomme de propre r. Hg Renoncer câest abandon lâon sâĂ©tait fixĂ© e quâil doit permettre endogĂšne le but que Si rond suit le sujet initial, cela signifiera que le simple fait de douter implique de refuser, dâabandonner toute vĂ©ritĂ© et en consĂ©quence le doute constituerai la fin, lâimpossibilitĂ© de vouloir connaĂźtre en effet une connaissance ne peut ĂȘtre qualifiĂ©e de connaissance Ă partir du moment oĂč elle est vraie, si elle ne lâest pas ce nâest pas une connaissance câest une erreur voir une illusion.De plus, tous les sujets qui comportent la forme interrogative est-ce » signifie quâune dĂ©finition est donnĂ©e, est sous- entendue. Ainsi dans exige toi vie' » nĂ©es page ce suite, douter signifierai renoncer Ă la vĂ©ritĂ©. On a lâimpression en lisant ce sujet que de termes sont contradictoires le doute et la vĂ©ritĂ©. Or, nous venons de dire que le doute est probablement constructif car il peut entraĂźner la volontĂ© de vouloir se dĂ©passer. La solution va ĂȘtre alors de dĂ©finir la vĂ©ritĂ© pour savoir si cette contradiction est valide ou pas. VĂ©ritĂ© jugement de la pensĂ©e humaine sur la rĂ©alitĂ© A heure actuelle, la vĂ©ritĂ© doit ĂȘtre dĂ©finie comme un jugement humain sur la rĂ©alitĂ©. On devrait dire dâailleurs un jugement de la pensĂ©e humaine Deux interprĂ©tations sont possibles Jugement humain = jugement de chacun = cela signifierai que la vĂ©ritĂ© est personnelle, dâoĂč lâexpression Ă chacun sa vĂ©ritĂ© cf.. Les Sceptiques. Cette interprĂ©tation nâ plus de sens car cela signifierai fascisante de plusieurs vĂ©ritĂ©s sur un mĂȘme problĂšme, cela signifierai que toutes les idĂ©es se valent, cela signifierai aussi lâabsence de dialogue je considĂšre dĂ©tenir la vĂ©ritĂ© sur un rubĂ©ole, tu considĂšres dĂ©tenir sur une vĂ©ritĂ© contradictoire sur le mĂȘme problĂšme, le dialogue nâest pas possible car toutes les idĂ©es se valent. On comprend donc que le concept de vĂ©ritĂ© signifie un jugement universel, un accord entre les hommes. Par exemple, les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques, scientifiques. Dans ce cas, le jugement sur la rĂ©alitĂ© est universel. On about it Ă ce jugement par des interrogations, par raisonnement, par dĂ©monstration, dâoĂč la possibilitĂ© d 2 about it Ă ce jugement par des interrogations, par raisonnement, par dĂ©monstration, dâou la possibilitĂ© dâun dialogue, dâun Ă©change. On peut donc dire quâen ce sens la vĂ©ritĂ© est relative, cade soumise aux lois de la pensĂ©e humaine car Ă lâĂ©vidence câest bien la pensĂ©e humaine qui avec ses rĂ©fĂ©rences, avec ses critĂšres va pouvoir Ă©laborer la vĂ©ritĂ©. ProblĂ©matique Douter est-ce nĂ©cessairement renoncer Ă la vĂ©ritĂ© ? Est-elle une certitude absolue ? Douter est-ce refuser toute vĂ©ritĂ© ? Ă©volution du terme vĂ©ritĂ© » La vĂ©ritĂ© Dans la philosophie de lâantiquitĂ©, il est fait souvent rĂ©fĂ©rence Ă la philosophie de PLANTON donc de ESCORTE. ESCORTE est considĂ©rĂ© comme le pĂšre de la philosophie =recherche de la sagesse. IdĂ©e de ESCORTE est de montrer que le vrai se situe au-delĂ de lâapparence et quâil est donc nĂ©cessaire tout individu qui veut trouver cette vĂ©ritĂ© de faire les efforts nĂ©cessaires afin de dĂ©passer le stade de lâopinion pour peu Ă peu sâengager dans le voie de la connaissance et laisser apparaĂźtre la vĂ©ritĂ©. A lâĂ©poque de ESCORTE femme siĂšcle av. C, la poil Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un savoir encyclopĂ©dique et elle Ă©tait donc dâun niveau supĂ©rieur Ă toute autre forme de connaissance, y compris les maths. Câest POTAGĂRE qui a inventĂ© le mot philosophie et beaucoup de mathĂ©maticiens. De Ă©poque prĂ©fĂ©raient se prĂ©senter comme philosophe plutĂŽt que mathĂ©maticiens fa 3 mathĂ©maticiens. De Ă©popĂ©e prĂ©fĂ©raient se prĂ©senter comme philosophe plutĂŽt que mathĂ©maticiens afin dâacquĂ©rir une notoriĂ©tĂ©. DĂšs lâorigine, on comprend donc lâimportance de la recherche de cette vĂ©ritĂ© qui finalement permettrait Ă lâhomme de devenir un sage. Une Ă©cole philosophique opposĂ©e Ă celle de ESCORTE va poser un sĂ©rieux problĂšme pour ce qui concerne la validitĂ© de cette vĂ©ritĂ©. AI sâagit des Sceptiques. Leur thĂšse est finalement simple selon eux quelque soit sa dĂ©marche, sa rigueur, sa Lomont, lâhomme nâaura jamais la certitude dâavoir atteint un jugement vrai. Ils sâappuient sur une argumentation mettant en Ă©vidence une conclusion simple il faut suspendre son jugement. Selon eux, lâhomme ne peut pas remonter Ă la cause premiĂšre et par consĂ©quent toute rĂ©volution de sa connaissance ne peut pas sâappuyer sur une base solide, câest ainsi que devant un mĂȘme problĂšme plusieurs approches sont possibles, et chaque approche gĂȘner une vĂ©ritĂ©. Ne pouvant pas choisir une vĂ©ritĂ© parmi les autres, le constat est simple lâhomme ne pourra jamais connaĂźtre parce quâune vĂ©ritable connaissance nâest validĂ©e que si elle est vraie. Le problĂšme soulevĂ© par les Sceptiques va accompagner lâensemble de la rĂ©flexion durant des siĂšcles. Cependant, DESSERTES va rĂ©ussir Ă montrer que les Sceptiques se sont trompĂ©s en utilisant une simple formule Je pense, donc je suis Câest le cogiter cartĂ©sien. Il montre 2 choses essentielles La vĂ©ritĂ© existe. En fĂ©e 4 cogiter cartĂ©sien. Il montre 2 choses essentielles La vĂ©ritĂ© existe. En effet, moi qui doute, moi qui pense, jâexiste nĂ©cessairement les Sceptiques considĂ©raient aussi que la vĂ©ritĂ© existe mais pensaient quâelle Ă©tait inaccessible Ă lâhomme Cette vĂ©ritĂ© est accessible Ă lâhomme. Il sâagit dâune vĂ©ritĂ© certaine donc indubitable. A partir de cette rĂ©flexion, DESSERTES va ouvrir la voie Ă la connaissance donc Ă la science et va Ă©laborer la physique cartĂ©sienne. On voit donc que le concept de vĂ©ritĂ© va Ă©voluer au cours de lâHistoire. Ainsi AKAN va considĂ©rer quâil est nĂ©cessaire de rĂ©pondre aux Sceptiques la conception contienne est une rĂ©ponse aux Sceptiques. Il indique en effet que les Sceptiques posent un problĂšme fondamental mais quâen mĂȘme temps les hommes ont nĂ©anmoins progresses dans leur connaissance de a nature et dans leur rĂ©flexion sur la valeur morale malgrĂ© leur incertitude de dĂ©velopper des jugements vrais. Avec DESSERTES, il y a passage de la notion de lâabsolu Ă la notion du relativisĂ©e. Ainsi la vĂ©ritĂ© nâest plus une certitude absolue qui ne dĂ©pendrait pas du jugement humain mais la vĂ©ritĂ© devient relative câest-Ă - dire un jugement de la pensĂ©e humaine sur la rĂ©alitĂ©. NABAB A propos des notions de certitude absolue et de relativisĂ©e. Si on considĂšre la vĂ©ritĂ© en tant que telle, elle est Ă©videmment une certitude dans la mesure oĂč il serait absurde de croire quâune rite serait plus ou moins vraie en effet une vĂ©ritĂ© qui nâest pas vraie nâen S de croire quâune vĂ©ritĂ© serait plus ou moins vraie en effet une vĂ©ritĂ© qui nâest pas vraie nâen est pas une, câest donc soit une erreur, soit un mensonge, soit une illusion. Ătudions ce quâil vient dâĂȘtre dit et on va mieux comprendre la conception de AKAN. Ce nâest donc pas la vĂ©ritĂ© par elle- mĂȘme qui pose problĂšme mais câest la capacitĂ© de la pensĂ©e humaine de dĂ©velopper ou pas un jugement vrai. Ce que AKAN veut dire ; est quâil faut considĂ©rer que la vĂ©ritĂ© est bien un augmente et SI elle est relative ça ne signifie pas quâelle soit peu prĂšs vraie » et si le mot relative » signifie soumise aux lois de la pensĂ©e humaine, ce que AKAN indique câest que dans toutes les connaissances, donc dans leur validitĂ© pour quâune connaissance soit valide, il faut quâelle soit vraie, dans toutes les activitĂ©s, ce qui est premier ce nâest pas lâobjet de connaissance, ce nâest pas lâobjet susceptible dâentraĂźner une activitĂ© mais câest la conscience humaine, câest elle qui est premiĂšre. Elle dicte toutes les rĂ©fĂ©rences, les conditions susceptibles de dĂ©finir une connaissance vraie. En consĂ©quence, ce qui pose problĂšme ce nâest pas la vĂ©ritĂ© mais câest le jugement qui dicte les conditions Ă la vĂ©ritĂ© humaine. Ces ainsi quâune thĂ©orie qui Ă©tait considĂ©rĂ©e comme vraie peut au cours des annĂ©es ou des siĂšcles non pas Ă©voluĂ©e mais peut ĂȘtre remplacĂ©e par une autre thĂ©orie tout simplement parce que les hommes ont compris quâils sâĂ©taient trompĂ©s. Intellectuellement, il f tout simplement parce que les hommes ont compris quâils sâĂ©taient trompĂ©s. Intellectuellement, il faut affirmer lâidĂ©e suivante qui peut apparaĂźtre comme un paradoxe mais qui en rĂ©alitĂ© ne lâest pas ne thĂ©orie quelle quâelle soit suppose un protocole prĂ©cis, un ensemble de paramĂštres, une expĂ©rimentation et câest ce protocole qui va Ă©tablir les vĂ©ritĂ©s, si bien que tout chercheur quel quâil soit quelle que soit lâĂ©poque si il reproduit strictement le mĂȘme protocole aboutira au mĂȘme rĂ©sultat. DâoĂč le paradoxe apparent dans les annĂ©es qui suivent, on peut sâapercevoir que cette thĂ©orie pose problĂšme parce quâil lui manque des paramĂštres, il sera donc nĂ©cessaire dâĂ©tablir une autre thĂ©orie qui sâappuiera sur un autre protocole, de nouvelles expĂ©riences, une nouvelle expĂ©rimentation. Et cette deuxiĂšme thĂ©orie dĂ©finira ses propres vĂ©ritĂ©s. Intellectuellement et logiquement, on ne peut pas dire que la deuxiĂšme thĂ©orie vient confirmer ou affirmer la premiĂšre parce quâil ne sâagit pas de la mĂȘme thĂ©orie, dâoĂč le relativisĂ©e poussĂ© Ă son maximum la vĂ©ritĂ© est strictement liĂ©e Ă un systĂšme, elle est relative Ă ce systĂšme et ne peut donc pas ĂȘtre transfĂ©rĂ©e vers un autre systĂšme car cela nâaurait aucun sens. Câest une des rĂ©flexions majeures que lâon peut dĂ©veloppĂ© Ă partir non pas seulement du relativisĂ©e de AKAN mais Ă partir de la relativitĂ© dâlinteau. Câest pour cela dâailleurs que les mathĂ©matiques sont dĂ©clarĂ©es comme science exacte parce quâelles dĂ©finissent dâailleurs que les mathĂ©matiques sont dĂ©clarĂ©es comme science exacte parce quâelles dĂ©finissent elles-mĂȘmes leur propre systĂšme on comprend donc lâintĂ©gration en maths des statistiques voire des probabilitĂ©s mais aussi du signe environ Ă©gal. Tout ceci montre la difficultĂ© de la pensĂ©e humaine Ă©laborer une vĂ©ritĂ© en tant que certitude absolue. Le relativisĂ©e de AKAN pose en rĂ©alitĂ© un problĂšme dans la mesure oĂč AKAN lui-mĂȘme garde la notion de vĂ©ritĂ© absolue est-Ă -dire de vĂ©ritĂ© qui ne dĂ©pendrait pas du jugement humain. Il parle ainsi dâobjet absolu il appelle ça le nommĂ©e. Ce nommĂ©e peut ĂȘtre dĂ©fini comme lâobjet tel quâil est indĂ©pendamment de tout jugement. Câest BACHELIER qui va en application de la thĂ©orie de la relativitĂ©, pousser le relativisĂ©e Ă son extrĂȘme lâobjet Ă©tudiĂ© par la science nâest pas IndĂ©pendant de la science mais câest lâobjet scientifique tel quâil est analysĂ©, expĂ©rimentĂ© par lâesprit scientifique lui-mĂȘme. En ce sens, ce qui est premier ce nâest pas lâobjet, dans la mesure oĂč la science se contenterait dâaller vers ui mais câest la science elle-mĂȘme, ses lois, ses investigations et câest elle qui construit lâobjet scientifique. DâoĂč la cĂ©lĂšbre formule de BACHELIER Rien nâest donnĂ©, tout se construit⊠Lorsque lâesprit scientifique veut connaĂźtre il est dĂ©jĂ trĂšs vieux parce quâil a lâĂąge de ses prĂ©jugĂ©s ». Si lâon veut maintenant rĂ©pondre au sujet initial Douter est-ce renoncer Ă la vĂ©ritĂ©, il faudra donc 8 maintenant rĂ©pondre au sujet initial Douter est-ce renoncer Ă la vĂ©ritĂ©, il faudra donc A partir des premiĂšres analyses donc de la prolĂ©tarisation Ă©laborer une problĂ©matique qui pourrait ĂȘtre douter est-ce nĂ©cessairement renoncer toute vĂ©ritĂ© ? ou Douter est-ce refuse la vĂ©ritĂ© ? La vĂ©ritĂ© est-elle une certitude ? Ha, Le doute est-il nĂ©cessairement nĂ©gatif ? A partir de cette problĂ©matique, Ă©laborer un plan soit progressif, soit dialectique Trouver les arguments et surtout les intĂ©grer dans telle ou telle partie du plan oĂč trouver ces arguments ? pour ce sujet, il est donc question de relire tout ce qui a Ă©tĂ© dit afin de puiser les idĂ©es qui serviront dâarguments -les Sceptiques, DISCRĂTES, AKAN- et surtout dâĂȘtre n mesure dâabord de les classer et de les dĂ©velopper.Brefje pense quâil est intĂ©ressant dâimaginer que ce qui se rapproche le plus de la vĂ©ritĂ© est entre les deux. â Le doute ne paralyse pas, il ouvre au contraire de multiples possibilitĂ©s, laisse la place Ă lâerreur et nâĂ©rige personne en Dieu.â Il faut faire le deuil de âla vĂ©ritĂ©â. Elle est plurielle, elle sâexprime et se perçoit selon chacun et ne pourra jamaisAu doute sceptique on oppose le doute mĂ©thodique, point de dĂ©part de la philosophie de Descartes 1591-1650. Le doute devient, avec Descartes, Ă la fois un processus et une mĂ©thode, grĂące auxquels on pourra parvenir Ă la vĂ©ritĂ©. Ă lâorigine de ce doute est la conviction qui anime Descartes, selon laquelle les vĂ©ritĂ©s de son temps sont fausses Il y a dĂ©jĂ quelque temps que je me suis aperçu que, dĂšs mes premiĂšres annĂ©es, jâavais reçu quantitĂ© de fausses opinions pour vĂ©ritables, et que ce que jâai depuis fondĂ© sur des principes si mal assurĂ©s, ne pouvait ĂȘtre que fort douteux et incertain ; de façon quâil me fallait entreprendre sĂ©rieusement une fois en ma vie de me dĂ©faire de toutes les opinions que jâavais reçues jusques alors en ma crĂ©ance, et commencer tout de nouveau dĂšs les fondements, si je voulais Ă©tablir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. » MĂ©ditations mĂ©taphysiques, 1641, PremiĂšre MĂ©ditation. On comprend ainsi que la vĂ©ritĂ© ne pourra ĂȘtre Ă©tablie que lorsque les prĂ©tendues vĂ©ritĂ©s de son temps auront Ă©tĂ© dĂ©truites ; il faut donc Ă©tablir une mĂ©thode, câest-Ă -dire procĂ©der avec ordre et de maniĂšre rigoureuse, afin que ces vĂ©ritĂ©s puissent ĂȘtre analysĂ©es et dĂ©construites ». Le processus mis en Ćuvre est celui dâun doute radical », dans la mesure oĂč il faut douter mĂȘme de ce qui nâest que vraisemblable ». Câest pourquoi ce doute radical » est dit hyperbolique », câest-Ă -dire exagĂ©rĂ© ; dâoĂč lâhypothĂšse, proposĂ©e par Descartes, dâun malin gĂ©nie », qui serait lĂ pour lui montrer que tout est faux Je supposerai donc qu'il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vĂ©ritĂ©, mais un certain mauvais gĂ©nie, non moins rusĂ© et trompeur que puissant qui a employĂ© toute son industrie Ă me tromper. Je penserai que le ciel, l'air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extĂ©rieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crĂ©dulitĂ©. Je me considĂ©rerai moi-mĂȘme comme n'ayant point de mains, point d'yeux, point de chair, point de sang, comme n'ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. » MĂ©ditations mĂ©taphysiques, PremiĂšre mĂ©ditation Ainsi, les vĂ©ritĂ©s pourront ĂȘtre rĂ©tablies, de façon certaine. Descartes ne doutera plus de lâexistence de ces vĂ©ritĂ©s. qwf91.